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Une base de données en ligne pour les œuvres d’art spoliées par les nazis en Belgique

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1945
Secret défense 18 February 2022

En Belgique, le SPF a lancé une plateforme web dans l’espoir de restituer quelque 2 800 œuvres d’art à leurs propriétaires légitimes pillées par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.


En 2020, le gouvernement allemand restituait trois tableaux, disparus en France pendant l’occupation nazie, aux descendants de leurs propriétaires juifs. Des toiles découvertes chez le collectionneur d’art germano-autrichien Cornelius Gurlitt, après son décès en 2014. Elles lui avaient été léguées par son père, Hildebrand Gurlitt dont une partie de la collection, environ 500 à 600 œuvres, a été constituée par la spoliation des Juifs sous le IIIe Reich. Et pour cause, Hildebrand Gurlitt avait été missionné par Joseph Goebbels pour confisquer et vendre des œuvres d’« art dégénéré » aux personnes considérées comme « ennemis de l’Etat » et, en particulier, aux familles juives. L’homme en profita pour s’approprier personnellement toute une collection de toiles de maîtres…

Une entreprise de pillage à grande échelle

C’est un aspect méconnu de la Seconde Guerre mondiale : l’entreprise de pillage menée à grande échelle dans les pays occupés par l’Allemagne nazie. « Peintre raté, Hitler voulait créer un grand musée de l’art européen, l’art véritable, ¬celui qu’il opposait à l’art dégénéré », raconte l’historien Jean Sévillia. Ce projet devait se concrétiser par la construction d’un vaste complexe ¬architectural à Linz, en Autriche, non loin de sa ville natale. La guerre empêchera finalement à ce Führermuseum de voir le jour. Mais le dictateur avait pensé à tout puisque « la Wehrmacht possédait la liste des œuvres dont elle devait s’emparer à Amsterdam, à Bruxelles ou à Paris ».

En Belgique, près de 3 000 œuvres (tableaux, sculptures, meubles, objets archéologiques…) ont été déclarées spoliées auprès de l’Office de Récupération économique (ORE) après la guerre. À ce jour, seules 200 d’entre elles ont été rendues à leurs ayants droit, descendants des victimes du régime hitlérien.

Un site internet dédié

En 1997, une « Cellule de récupération des biens spoliés pendant la Seconde Guerre mondiale en Belgique » fut créée au sein du ministère des Affaires économiques, devenu le SPF Économie, PME et Énergie. L’objectif : fournir une assistance par le biais de recherches et de conseils aux musées, aux autres institutions privées et gouvernementales, aux collectionneurs, aux parties prenantes ou aux ayants droit pour tout ce qui concerne les 2 800 œuvres d’art soustraites, volées ou extorquées en Belgique et qui n’ont pas encore été retrouvées.

Une base de données a ainsi pu être constituée. Le SPF l’a mis en ligne récemment sur un site internet dédié. Elle contient toutes les informations répertoriées autour de ces œuvres sur la base des formulaires de déclaration originaux et d’autres documents d’archives de l’ancien ORE. Cette base de données en ligne doit aider les proches, les chercheurs, les musées, le commerce de l’art et le grand public à les identifier pour qu’elles soient restituées à leurs propriétaires légitimes. Et ce, 90 ans après les faits.

Au même moment, en France, le Sénat vient de voter la restitution de 15 œuvres d’art majeures présentes dans les collections nationales, spoliées par les nazis en 1941.


https://www.secret-defense.org/18/02/2022/une-base-de-donnees-en-ligne-pour-les-oeuvres-dart-spoliees-par-les-nazis-en-belgique/
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