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Résistante et conservatrice, Rose Valland pourrait-elle entrer à son tour au Panthéon ? Une pétition lancée en ligne le 27 juin le demande. Adressé à Emmanuel Macron, le texte propose de transférer les cendres de cette «héroïne de la résistance, trop longtemps méconnue», dont l'action pendant l'Occupation puis à la Libération a «permis de sauver plus de 60.000 d'art pillées». Décédée en 1980, Rose Valland repose aujourd'hui dans son village natal, à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, en Isère, aux côtés de son amie.

«Il s'agit d'une personne qui incarne précisément cet héroïsme tranquille dont parlait le président de la République pour Missak Manouchian », explique Louis de Carbonnières, en référence au résistant arménien dont l'Élysée a annoncé la panthéonisation le mois dernier. Professeur de droit à l'université de Lille, le juriste est à l'initiative de la pétition avec sa consœur Christelle Nicq, également de l'université de Lille. Leur initiative a reçu l'assentiment unanime du conseil de la faculté de sciences juridiques, politiques et sociales, ainsi que celle des étudiants de Licence, nombreux à se piquer d'une vive passion au sujet de Rose Valland dont ils découvrent l'action en arrivant en Licence.

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«Rose Valland était une résistance d'une grande modestie et qui a constitué pendant l'Occupation les preuves qui ont permis par la suite de restituer les œuvres spoliées, poursuit Louis de Carbonnières. Elle a fait son devoir, puis est retournée à sa vie. Rose Valland est une héroïne de notre temps. Elle mérite d'être honorée». La conservatrice ayant été inhumée avec sa compagne, son éventuelle panthéonisation pourrait par ailleurs constituer l'entrée du premier couple lesbien parmi les personnalités célébrées par l'institution - un détail sur lequel ne s'attardent pas les deux juristes à l'origine de la pétition. «Cela nous semblait un élément de sa vie privée», précise Louis de Carbonnières, qui précise cependant qu'il ne faudrait effectivement pas séparer le couple. Avec Christelle Nicq, il va désormais se charger de constituer un comité scientifique afin d'appuyer leur campagne en faveur de cette «Cincinnatus des restitutions».

Née en 1898, Rose Valland était attachée de conservation au musée du Jeu de Paume au moment de la Seconde Guerre mondiale. Sous l'Occupation, l'établissement devient l'entrepôt où s'accumulent les dizaines de milliers d'œuvres d'art saisies. Tableaux, statues et autres pièces de mobilier s'y entassent avant d'être revendus ou envoyés en Allemagne. En toute discrétion, elle entreprend de tenir un compte méticuleux des biens qui transite par le musée. À la libération, les carnets de notes de cette «Monument Woman» à la française permettent d'organiser la traque et la restitution d'une grande partie des œuvres.

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«Personne ne se méfie d'elle», raconte le 29 juin au micro de France Inter, Jennifer Lesieur, qui a signé une biographie consacrée à la conservatrice, parue en mai (Rose Valland, l'espionne à l'œuvre, Robert Laffont). C'était une espionne idéale. Elle fouillait même les poubelles pour récupérer les copies carbone. Elle écoutait aux portes, essayant de se cacher presque derrière les rideaux». Signe de la popularité de cette figure historique du monde de l'art, l'action de Rose Valland pendant la guerre a fait l'objet d'une fiction audio diffusée en avril sur France Culture. L'écriture de cette création audio a été encadrée par l'historienne Emmanuelle Polack, spécialiste du marché de l'art sous l'Occupation et des œuvres volées lors de la Seconde Guerre mondiale.

L'Élysée a annoncé le 18 juin que les cendres du résistant Missak Manouchian feront leur entrée au Panthéon en février 2024. Rescapé du génocide arménien, le poète et militant communiste apatride, d'origine arménienne, organise un réseau parisien de la Résistance avant d'être capturé puis fusillé en fusillé au Mont-Valérien en février 1944. La dernière personnalité à avoir rejoint le Panthéon était la chanteuse et danseuse Joséphine Baker, également résistante au cours de l'Occupation. Elle a rejoint l'écrin de «la patrie reconnaissante» en 2021.