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Les dessins français de la collection Gurlitt décryptés

1998
1970
1945
Le Figaro 17 December 2013
Par Eric Bietry-Rivierre

Vue d'un parc avec treilles, fontaine et escaliers, dessin rehaussé «qui m'a tout l'air d'être un Fragonard».

 L'expert Louis-Antoine Prat nous livre son regard sur quelques feuilles majeures de l'impressionnante collection réunie par Hildebrand Gurlitt, expert en art auprès de l'Allemagne nazi.

Fragonard

«Dans les nombreux dessins français consultables sur lostart.de, j'ai plusieurs doutes concernant les attributions. Par exemple, sur un de ceux donnés à Guardi. Chez les Français, les Jean-Baptiste Pater et le Louis Trinquesse ont l'air bons. Les deux pastels de Degas, un nu dans une baignoire et un nu aux cheveux rouges, me semblent bien faibles. Mais comment juger sur de si petites images? Beaucoup ne sont pas attribués et pourraient l'être. Comme ce paysage aquarellé qui m'a tout l'air d'être un Fragonard

Watteau

Femme couchée en chemise, trois crayons dans lequel Louis-Antoine Prat retrouve la patte de Watteau.

«L'auteur de cette femme couchée en chemise n'a pas été identifié par  la commission. Il existe pourtant un double de cette feuille. Il est publié dans le corpus des dessins établi par Pierre Rosenberg et moi-même.  Il se trouve dans une collection particulière à New York. Une autre feuille figurant des petits amours mimant un défilé militaire est donnée à Watteau. Je reconnais ici plutôt la main de Claude Gillot (1673-1722).  Ce maître a eu le jeune Watteau pour collaborateur entre 1703 et 1708. D'où, peut-être, la méprise.»

Ingres

<i>Chevalier sur un lit d'hôpital</i>, étude pour un<i> Antiochus et Stratonice </i>d'Ingres, conservé au Château de Chantilly.

«Cette feuille est intitulée Chevalier sur un lit d'hôpital. Il s'agit en réalité d'Antiochus et Stratonice, une composition commandée en 1834 par Ferdinand-Philippe d'Orléans à Ingres. Le tableau est à Chantilly. Ingres avait dû partir diriger l'Académie de France  à Rome et la réalisation a tardé.  En fait, il réfléchissait à la composition depuis au moins 1807, année d'un dessin très proche de celui-ci conservé au Louvre. David avait traité la scène, et obtenu avec le prix de Rome  en 1774. Ingres se mesure ici  à son maître.»

Daumier

Etude d'Honoré Daumier; et non d'Eugène Delacroix comme avancé.

  

«Ces têtes d'homme sont d'Honoré Daumier et non d'Eugène Delacroix, comme affirmé sur le site des enquêteurs. Plusieurs autres Delacroix me semblent douteux, comme un picador et une étude de deux visages enturbannés.  Les dessins plus tardifs, à la plume, sont bons. Parmi eux, il y a un croquis de bateaux. Delacroix l'a sans doute fait lors d'un de ses cinq séjours à Dieppe. Peut-être en 1852, date de son apport novateur dans  le domaine du paysage qui allait aboutir à l'impressionnisme.»

Carmontelle

L'un des quelque 6 000 portraits réalisés par Carmontelle (1717-1806).

 «Ce portrait de profil d'un homme assis sur une chaise en plein air n'est pas attribué. Il s'agit pourtant à coup sûr  d'un Carmontelle», explique  Louis-Antoine Prat. On connaît environ  six mille portraits de Louis Carrogis, dit Carmontelle, dont plus de 480 sont conservés à Chantilly, au Musée Condé. Réalisés entre 1760 et 1789 à la mine  de plomb, gouache et aquarelle,  ils représentent souvent des gens  de la cour et des salons, saisis de profil, en pied, accompagnés d'attributs permettant de les définir. Ici une médaille et un bouquet de fleurs énigmatiques…

http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2013/12/17/03015-20131217ARTFIG00239-les-dessins-francais-de-la-collection-gurlitt-decryptes.php
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